Carnet de bord de Christelle- semaine 2

Publié le par La Maison du Lucchese

Fin de Deuxième semaine

 

La première partie du tournage de "La maison du Lucchese" s'est achevée à Mont-sur-Marchienne ce vendredi 26 mars, après quelques scènes de famille : j’ai mis carte sur table avec maman, je me suis pris la tête avec papa…

En ce moment, nous sommes en "pause". Une partie de l'équipe part cette semaine en Corse, pour peaufiner les derniers détails, repérages, logistique, découpage des scènes dans les lieux ad hoc, etc...

Pour ma part, je rejoins la troupe le lundi 12 avril, histoire de marcher un peu dans nos futurs décors, de prendre la température, et surtout, de rencontrer les comédiens Corses pour quelques lectures et discussions autour de nos personnages et de leur parcours. 

Cette dernière semaine a été dense et difficile, mais riche d'apprentissages et d'observations. Nous tournions dans une pizzeria à Monceau-sur-Sambre, accueil chaleureux mais espace exigu, beaucoup de monde à gérer, beaucoup d'états différents pour Marco et Christina. 

Jouer une relation relativement stable et sereine qui se désagrège, ça a quelque chose de triste, aussi. Et c'était la dernière semaine de Jean-Jacques, puisque Marco ne suivra pas Christina en Corse, et que pour nos personnages, tout est déjà en boîte. Idem pour Cédric, qui observe ce qui se trame avec inquiétude, à distance.

Donc, ça fait un peu bizarre, après avoir tellement bossé en amont, de se dire que, voilà, c'est fait. 

Ces derniers jours, les scènes se sont plus centrées sur la famille, mes parents, le père de Marco. On a tourné dans la maison familiale, dans la pizzeria de Gino. C'est chouette de découvrir petit à petit le super travail de l'équipe déco. Vous verrez, c'est vraiment chouette, très réaliste et sincère, avec une touche personnelle à chaque endroit. J'ai particulièrement aimé tourner dans notre appartement, rempli de détails cohérents d'une vie inventée, riche, hétéroclite...

J'ai beaucoup de plaisir avec tous mes partenaires de jeu. Ils sont vraiment top. Cette semaine, j’ai surtout échangé avec Roberto et Marijke, qui jouent mes parents, et avec Pierre Nisse qui joue mon frère, un ado renfermé qui va s'épanouir peu à peu au long de l'histoire.

Il y a quelques jours, la TV Eén, TV flamande équivalent de la RTBF, est venue faire un reportage sur Marijke. L'idée était de suivre Marijke, de parler du tournage, du travail commun des deux communautés, du lien que l'art peut entretenir dans la vie sociale du pays. Le reportage est très touchant et super bien ficelé. On sent que les acteurs ont une place importante dans la vie sociale flamande, qu'ils peuvent exprimer des choses et être entendus. Qu'on les respecte. ET puis, merde, les mecs qui se déplacent deux jours d'affilée à la Docherie pour venir filmer leurs artistes, et qui le font avec tact, discrétion et professionnalisme, c'est quand même beau à voir, non ?

Côté tournage à proprement parler, c'est difficile de vous faire un topo sans dévoiler l'histoire, et ce serait dommage..

Je suis très attentive à la façon dont mon personnage est perçu tout au long du film. Le parcours est délicat, parce que Christina est un être humain, et cela implique une bonne dose de maladresse, de désinvolture, d'égoïsme parfois. Au delà de cela, c'est une personnage qui a oublié d'aller au bout d'un rêve, et qui a peut-être, enfin, la possibilité de prendre son destin en mains. Et devinez quoi ? Cela ne se fait pas forcément au milieu d'un champ de pâquerettes.

C'est assez fou, de l'intérieur, j'ai beau savoir où va le personnage, ce qu'elle traverse, ce qu'elle espère, ce qu'elle attend, je me retrouve parfois un peu perdue en fin de journée. Dans le doute. Tout à coup, je me demande si tout ce que je veux insuffler dans ce personnage sera présent sur la toile, et si je lui aurai fait honneur. 

J'apprends à connaître cette fille, et je suis heureuse qu'elle ne soit pas un stéréotype de la fille parfaite au parcours impeccable. Même si ce n'est pas toujours confortable à jouer.

A dire vrai, j'ai souvent eu l'impression que les choses m'échappaient, cette semaine. Heureusement, on a regardé plein de rushes avec Pierre, et ça m'a fait du bien de retrouver le fil de l'histoire et le coeur des personnages.

Lorsque l'on est à ce point au centre d'une histoire, il est souvent difficile d'accepter qu'on n'ait pas toutes les réponses. Et je me sens parfois comme une petite fille inquiète, qui demande une attention particulière, parce que ce qu'elle porte est précieux et fragile, et parce que cela demande une écoute, une réflexion et une attention très grandes.

L'adulte que je suis travaille à prendre de la distance sur ce besoin-là, je crois, avec de temps en temps, un besoin irrépressible d'être vraiment regardée, aimée et comprise. Bon, c'est humain, je crois. Rassurez-moi... On n'est pas un peu tous comme ça? 

Pierre n'est pas inquiet, la monteuse du film non plus. La matière est de qualité et je suis confiante sur ce qu'il ressortira de toutes ces scènes carolo ;-)

Les images sont très belles, Hichame et Benoît font du super bon boulot.

Voilà, il y aurait encore mille choses à dire, mais elles sont plus fortes à vivre qu'à écrire, donc je crois que l'essentiel est là.

Et puis, je garde toujours en tête que c’est un métier, certes très atypique et particulièrement intense, mais un métier quand même… Au final, ce n’est que du cinéma, n’est-ce pas ? ;-)

Comme le dit Suzanna, qui va bientôt se lancer dans le montage du film, "Ce n'est pas grave si les choses t'échappent. Une certaine dose de non-réflexion et de non-analyse est nécessaire.  Il vaut mieux être dans le personnage qu'en dehors, en train de réflechir."

 

A suivre !

 

Christelle

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